| August 2, 2016

Eduard Frunzeanu, ingénieur de recherche

Eduard Frunzeanu, ingénieur de recherche

BY: Propos recueillis par CATHERINE NYGREN

PRINT IMRPIMER

Pourquoi avoir choisi de faire une thèse? La réponse est peut-être à mi-chemin entre une quête intellectuelle et une sorte d’inertie académique. J’ai fait en Roumanie des études d’histoire et de langues classiques avec le souhait de pouvoir mieux comprendre le monde, notamment les civilisations antiques et médiévales. L’évolution politique du pays après 1990 me laissait parfois croire que les disparités entre Occident et Orient ne dataient pas de quelques décennies, mais qu’elles étaient ancrées en quelque chose de plus profond, de plus amorphe et indicible que ne pouvaient le dire les analystes politiques du moment. J’avais le sentiment que l’héritage byzantin, notamment par sa composante spirituelle et intellectuelle, était à l’origine de ces disparités. J’ai donc choisi quand j’étais encore en licence de me consacrer à l’étude de l’empire byzantin.

La possibilité de suivre une formation doctorale m’a été fournie par une Ecole doctorale ouverte à Bucarest par l’Agence universitaire de la Francophonie. Ce fut une expérience riche grâce notamment aux cours aux thématiques très diverses (anthropologie, sociologie, sémantique), qui m’ont ouvert la curiosité vers d’autres disciplines que l’histoire. J’ai voulu poursuivre mes recherches sur l’histoire byzantine au Canada où j’étais parti pour retrouver ma compagne qui faisait une thèse à l’Université Laval. Malheureusement, dans les universités francophones du Québec, je n’ai pas pu faire une inscription avec un sujet en histoire byzantine. La rencontre avec Serge Lusignan de l’Université de Montréal m’a déterminé de changer de domaine d’étude et, à son conseil, j’ai choisi de faire une thèse sur une encyclopédie médiévale qui porte les traces des échanges culturels entre Orient et Occident en me focalisant sur le concept de nature. Tout était nouveau pour moi, le pays, les institutions, le domaine d’étude, et faire une thèse dans ces circonstances a été une aventure pleine de découvertes.

Dès mon inscription au Département d’histoire de l’Université de Montréal, j’ai été soutenu financièrement jusqu’à la fin de mon doctorat que ce soit par le Département lui-même, par les bourses du Gouvernement provincial et fédéral, par des contrats d’auxiliaire de recherche. Mon directeur de thèse m’a aidé à mener à bien la thèse, que ce soit grâce aux discussions, aux encouragements, au suivi régulier de l’avancement de mes travaux, aux financements qu’il m’a procurés quand j’en avais besoin. Ma compagne m’a également beaucoup soutenu et aidé, et sans elle, je n’aurai probablement pas réussi à boucler la rédaction de la thèse. D’autres gens m’ont donné de leur temps que ce soit pour me conseiller dans mes lectures ou pour relire une partie des chapitres.

J’ai completé mon diplôme en six ans. J’aurais dû terminer plus tôt mais je me suis parfois égaré et même désintéressé de la problématique choisie. Après la soutenance de ma thèse (en 2007), j’ai obtenu une bourse post-doctorale du CRSH qui m’a permis de partir en France pour deux ans dans une équipe de recherche de l’Université de Nancy qui travaillait depuis des années sur le corpus qui avait constitué l’objet de ma thèse. A la fin des deux années de bourse, j’ai continué la collaboration avec cette équipe grâce à des contrats d’ingénieur de recherche, collaboration qui a mené à la création d’une base de données, Sourcencyme, consacrée aux textes encyclopédiques latins du Moyen Âge. Suite à des décisions de restructuration, le laboratoire qui m’accueillait a été fermé et j’ai dû chercher un autre employeur. J’ai eu la chance d’être recruté dans un projet, Biblissima, qui démarrait à ce moment-là (c’était en 2013) dont l’objectif est l’étude de la transmission des textes et des collections du Moyen Âge jusqu’au XVIIIe siècle. Je travaille toujours pour ce projet en tant que contractuel.

Sans l’avoir nécessairement ressenti comme un manque au cours de mon doctorat, je pense qu’une meilleure maîtrise des outils techniques susceptibles d’accompagner l’historien aurait été bien utile. La formation que j’ai suivie en Roumanie ne prenait guère en considération les apports des technologies. Et j’ai trouvé qu’à l’Université de Montréal non plus les formations proposées au niveau du doctorat ne sensibilisaient pas assez aux rapports possibles entre informatique et sciences humaines. Peut-être les choses ont-elles changées depuis, sous l’influence grandissante des digital humanities. La dimension collaborative que permettent les nouvelles technologies pourrait avoir une place plus importante dans le parcours universitaire dans l’idée de développer l’esprit d’équipe, la réflexion autour de projets qui dépassent la thématique choisie pour la thèse. Un autre aspect qui me paraît important avec le recul était assez timidement abordé, à savoir la place de l’histoire dans l’espace public, sa légitimité comme science humaine et sociale, les opportunités d’intégration dans le monde du travail qu’offre un parcours en histoire mis à part l’enseignement.

Pourquoi avoir choisi de faire une thèse? La réponse est peut-être à mi-chemin entre une quête intellectuelle et une sorte d’inertie académique. J’ai fait en Roumanie des études d’histoire et de langues classiques avec le souhait de pouvoir mieux comprendre le monde, notamment les civilisations antiques et médiévales. L’évolution politique du pays après 1990 me laissait parfois croire que les disparités entre Occident et Orient ne dataient pas de quelques décennies, mais qu’elles étaient ancrées en quelque chose de plus profond, de plus amorphe et indicible que ne pouvaient le dire les analystes politiques du moment. J’avais le sentiment que l’héritage byzantin, notamment par sa composante spirituelle et intellectuelle, était à l’origine de ces disparités. J’ai donc choisi quand j’étais encore en licence de me consacrer à l’étude de l’empire byzantin.

La possibilité de suivre une formation doctorale m’a été fournie par une Ecole doctorale ouverte à Bucarest par l’Agence universitaire de la Francophonie. Ce fut une expérience riche grâce notamment aux cours aux thématiques très diverses (anthropologie, sociologie, sémantique), qui m’ont ouvert la curiosité vers d’autres disciplines que l’histoire. J’ai voulu poursuivre mes recherches sur l’histoire byzantine au Canada où j’étais parti pour retrouver ma compagne qui faisait une thèse à l’Université Laval. Malheureusement, dans les universités francophones du Québec, je n’ai pas pu faire une inscription avec un sujet en histoire byzantine. La rencontre avec Serge Lusignan de l’Université de Montréal m’a déterminé de changer de domaine d’étude et, à son conseil, j’ai choisi de faire une thèse sur une encyclopédie médiévale qui porte les traces des échanges culturels entre Orient et Occident en me focalisant sur le concept de nature. Tout était nouveau pour moi, le pays, les institutions, le domaine d’étude, et faire une thèse dans ces circonstances a été une aventure pleine de découvertes.

Dès mon inscription au Département d’histoire de l’Université de Montréal, j’ai été soutenu financièrement jusqu’à la fin de mon doctorat que ce soit par le Département lui-même, par les bourses du Gouvernement provincial et fédéral, par des contrats d’auxiliaire de recherche. Mon directeur de thèse m’a aidé à mener à bien la thèse, que ce soit grâce aux discussions, aux encouragements, au suivi régulier de l’avancement de mes travaux, aux financements qu’il m’a procurés quand j’en avais besoin. Ma compagne m’a également beaucoup soutenu et aidé, et sans elle, je n’aurai probablement pas réussi à boucler la rédaction de la thèse. D’autres gens m’ont donné de leur temps que ce soit pour me conseiller dans mes lectures ou pour relire une partie des chapitres.

J’ai completé mon diplôme en six ans. J’aurais dû terminer plus tôt mais je me suis parfois égaré et même désintéressé de la problématique choisie. Après la soutenance de ma thèse (en 2007), j’ai obtenu une bourse post-doctorale du CRSH qui m’a permis de partir en France pour deux ans dans une équipe de recherche de l’Université de Nancy qui travaillait depuis des années sur le corpus qui avait constitué l’objet de ma thèse. A la fin des deux années de bourse, j’ai continué la collaboration avec cette équipe grâce à des contrats d’ingénieur de recherche, collaboration qui a mené à la création d’une base de données, Sourcencyme, consacrée aux textes encyclopédiques latins du Moyen Âge. Suite à des décisions de restructuration, le laboratoire qui m’accueillait a été fermé et j’ai dû chercher un autre employeur. J’ai eu la chance d’être recruté dans un projet, Biblissima, qui démarrait à ce moment-là (c’était en 2013) dont l’objectif est l’étude de la transmission des textes et des collections du Moyen Âge jusqu’au XVIIIe siècle. Je travaille toujours pour ce projet en tant que contractuel.

Sans l’avoir nécessairement ressenti comme un manque au cours de mon doctorat, je pense qu’une meilleure maîtrise des outils techniques susceptibles d’accompagner l’historien aurait été bien utile. La formation que j’ai suivie en Roumanie ne prenait guère en considération les apports des technologies. Et j’ai trouvé qu’à l’Université de Montréal non plus les formations proposées au niveau du doctorat ne sensibilisaient pas assez aux rapports possibles entre informatique et sciences humaines. Peut-être les choses ont-elles changées depuis, sous l’influence grandissante des digital humanities. La dimension collaborative que permettent les nouvelles technologies pourrait avoir une place plus importante dans le parcours universitaire dans l’idée de développer l’esprit d’équipe, la réflexion autour de projets qui dépassent la thématique choisie pour la thèse. Un autre aspect qui me paraît important avec le recul était assez timidement abordé, à savoir la place de l’histoire dans l’espace public, sa légitimité comme science humaine et sociale, les opportunités d’intégration dans le monde du travail qu’offre un parcours en histoire mis à part l’enseignement.

Discussion

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

OR AS GUEST

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Participer en tant qu’invité